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Photos, anecdotes, recettes et autres trucs à partager au cours de mon PhD en Finlande

Bureaucratie

Publié le 25 Janvier 2014 par LVJ in Quotidien

Parce que la bureaucratie c'est à la fois relou et un passage obligé lorsque l'on débarque quelque part, cela mérite un article fourre-tout, comme pour s'en débarrasser en une seule fois (du moins le croit-on).

La Finlande n'échappe pas à la règle et, contrairement à ce que je présupposais, elle possède son lot de surprises, contretemps et dysfonctionnements. Petit résumé des formalités à accomplir lorsque l'on est un immigré souhaitant s'y installer pour quelque temps.

Tout d'abord, pour pouvoir faire quoi que ce soit d'officiel en Finlande, il faut se faire attribuer un numéro d'identifiant, l'incontournable henkilötunnus. Composé des six chiffres correspondant à la date de naissance au format jjmmaa, d'un trait d'union et de quatre numéros complémentaires, c'est le sésame magique permettant d'ouvrir un compte en banque, de retirer un colis à la poste, de souscrire à une assurance, d'ouvrir une ligne téléphonique, de signer un contrat avec un fournisseur d'électricité et, accessoirement, de se faire employer en Finlande. Ce henkilötunnus s'obtient lorsque l'on s'enregistre pour la première fois auprès du bureau des populations, appelé Maistraatti. Il accompagne ensuite son humain pour toute sa vie (et probablement même au-delà...). En somme, c'est un peu comme une version super puissante du numéro de sécurité sociale en France. Possédant mon henkilötunnus depuis avril 2012, je n'ai pas eu à le demander une nouvelle fois lorsque je suis arrivé, en octobre dernier.

Je passe rapidement sur l'ouverture du compte en banque, la signature du contrat de travail, la recherche de logement ainsi que l'abonnement auprès d'un fournisseur d'électricité, car il n'y a pas grand-chose de particulier à en dire.

Dès le contrat de travail signé, il faut se rendre au bureau des taxes (verotoimisto) pour effectuer une demande de carte de taxes (verokortti). En effet, en Finlande, le système d'imposition est conçu tel que, pour un salarié, l'ensemble des taxes et impôts sont prélevés directement sur le salaire. La verokortti récapitule l'ensemble des revenus prévus sur l'année à venir et donne le taux d'imposition à ponctionner sur le salaire. Ce taux est progressif et annualisé, ce qui fait que sur 2013, n'ayant travaillé que durant trois mois, j'étais imposé à 1 %, tandis que pour 2014 je le suis à 19 %. Ce taux englobe les divers impôts locaux, l'impôt sur le revenu et l'impôt religieux. En effet, en Finlande, les personnes affiliées à une des deux religions d'État (l'Église évangélique luthérienne finlandaise et l'Église orthodoxe finlandaise) paient un impôt reversé à ces Églises, représentant généralement 1 à 2 % du salaire. Je ne suis pas concerné par cet impôt. Il est à noter que les cotisations sociales (caisse de retraite, assurance chômage et assurance maladie, principalement), ne sont pas incluses dans le taux calculé pour la verokortti (mais sont aussi prélevées sur le salaire...).

L'étape importante suivante consiste à effectuer une demande d'autorisation de résidence (temporaire ou permanente) dans sa nouvelle municipalité, auprès de la police. C'est une formalité obligatoire pour tout salarié s'installant pour plus de trois mois en Finlande, y compris pour les ressortissants de pays membres de l'Union Européenne. Les seuls à en être dispensés sont les citoyens des pays nordiques (Norvège, Suède, Islande et Danemark). Outre un formulaire à remplir (disponible en français, s'il vous plaît), il faut se munir d'une pièce d'identité et d'un dossier à faire remplir par son employeur, accompagné d'une copie du contrat de travail. Histoire de s'assurer que le nouveau venu a de quoi subvenir à ses besoins durant son séjour en Finlande. Ah, et puis il faut aussi payer cinquante euros. Histoire de...

Vient ensuite – en principe – une démarche dont je n'étais pas au courant, et que j'ai donc tout naturellement sautée. J'y reviendrai plus tard.

Lorsque l'on est employé en Finlande, et, donc, que l'on cotise pour la sécurité sociale, il peut être judicieux de demander sa carte Kela (kelakortti). Kela est le nom de l'organisme en charge de la sécurité sociale en Finlande, et ferme à 15h à Sodankylä. Pour obtenir la kelakortti lorsque l'on immigre en Finlande, il faut remplir le formulaire Y77 (ou Y77e pour sa version en anglais) et joindre une copie du contrat de travail, puis déposer le tout au guichet le plus proche. Et attendre.

Attendre. Longtemps. Vraiment longtemps. Trop longtemps ? Hm, étrange...

Fin décembre ou début janvier, la nouvelle verokortti est envoyée automatiquement par la poste. Mais pourquoi l'ai-je donc reçue à l'observatoire, et non à mon domicile ? Pourquoi mon adresse n'est-elle pas à jour ? Petit tour sur le site internet de Maistraatti. Tiens, j'aurais dû notifier mon changement d'adresse au plus tard une semaine après mon déménagement. Oups. Mais, n'avais-je pas donné ma nouvelle adresse, en m'enregistrant auprès de la police ? Tentative de changement d'adresse par internet. Identification à l'aide du compte bancaire (c'est un moyen très utilisé pour s'authentifier sur les sites internet officiels). Ma banque me reconnaît, mais la poste m'indique que je n'existe pas. Consultation de mes données personnelles sur Maistraatti. Ouf, j'existe ! Mais... ma situation professionnelle, mon adresse datent de 2012 ! Vraiment étrange...

Eh oui, parce que, ce que j'ignorais, c'est qu'il me fallait retourner voir Maistraatti pour m'enregistrer comme résident permanent. J'ai eu beau lire et relire les pages concernant l'immigration sur leur site internet, à aucun moment je n'ai compris qu'il y avait cette étape de finalisation, et je pensais que l'enregistrement auprès de la police venait clore le débat. Mais non. Et c'est là que c'est super vicieux, parce que, techniquement, l'enregistrement comme résident permanent auprès de Maistraatti consiste à remplir un formulaire posant les mêmes questions que celui que l'ont m'avait demandé de compléter au poste de police, accompagné... du passeport, d'une copie du contrat de travail et du document d'autorisation de résidence permanente ! Amusant...

Là où c'est moins marrant, c'est lorsque l'on comprend que Maistraatti n'a pas de guichet à Sodankylä, et que le bureau le plus proche se trouve à Kittilä, le village voisin. À 90 km. Fermeture à 17h. Ou comment occuper un vendredi après-midi... Mais bon, au moins, désormais, je suis virallisesti sodankyläläinen (officiellement Sodankyläiois). La seule donnée manquant à mon dossier est mon statut marital. Eh oui, je n'ai pas réussi à prouver que je suis célibataire...

Depuis, j'ai reçu ma kelakortti (tiens donc !), et je suis en conformité au regard de la loi.

Mais ce n'est pas fini pour autant... Ce n'est pas vraiment de la bureaucratie, mais il m'est arrivé ces derniers jours une nouvelle mésaventure : la tentative (avortée) d'ouverture d'une ligne téléphonique post-payée (un forfait mobile, quoi). Après un premier échec en novembre ("on vous rappelle demain"...) dont jusqu'à hier j'étais sans nouvelles, j'ai retenté ma chance cette semaine, me disant que, désormais enregistré, cela ne devrait plus poser de problème. Eh bien, en fait, si. Après deux passages à la boutique Sonera, on m'a informé que, comme je suis un étranger, il me fallait verser en dépôt 340 euros, par virement bancaire sur un certain compte pour pouvoir activer ma ligne. Ce qui représente tout de même dix-huit mois de forfait. Ou comment transformer un forfait post-payé en un an et demi de pré-payé. Et le plus hallucinant, c'est que l'on me donne en guise de facture un papier sur lequel est simplement noté le numéro de compte vers lequel effectuer le virement, le montant et une référence à indiquer en commentaire (au lieu d'une référence de facture, traçable, pour laquelle il existe une case spécifique dans les formulaires en ligne). Et là, mon idéal d'exemplarité de la Finlande vole en éclats...

Après avoir contacté le service client, il s'avère que c'est une procédure habituelle pour quiconque est enregistré en Finlande depuis moins de deux ans, quand bien même serait-il résident permanent, employé avec un contrat de trois ans et avec un sourire charmant. En fait, les compagnies de téléphonie mobile consultent les données d'un nouveau client concernant son éventuel comportement de mauvais payeur, auprès de l'organisme en charge de la supervision des crédits. N'étant dans la base de données de luottokunta (l'organisme en question) que depuis peu, selon une véritable présomption de culpabilité, il me faut donc payer par avance...

Blessé dans mon amour-propre, j'ai donc finalement décidé de—

Bon, j'en ai marre de cet article, j'arrête là. Ci-dessous, quelques photos qui n'ont rien à voir (la bureaucratie n'étant pas particulièrement photogénique, je mets à nouveau quelques images de saison).

Bureaucratie
Bureaucratie
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Bureaucratie
Bureaucratie
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M
Quelle déception, l'utopie vole en éclats pour moi aussi :O Mais j'ai quand même toujours super envie de venir te voir !! <br /> J'ai adoré la fin de ton article ^^ Je veux savoir ce qu'il s'est passé aprèèèèèès !<br /> Des bisous :)
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