Il est certains rituels dont on comprend assez vite que l'on a tout intérêt à s'y plier, pour son propre bien. J'ai rapidement assimilé le fait qu'il faut prévoir un peu de marge lorsque l'on doit prendre sa voiture, l'hiver, en Laponie. Et qu'il est vivement recommandé de l'aider à supporter la rigueur hivernale, en prenant quelques habitudes relativement simples. Surtout quand elle passe la nuit dehors, à la merci des intempéries et du froid (le thermomètre est descendu jusqu'à -23°C la semaine dernière).
Tout d'abord, il n'est pas rare de sortir de chez soi le matin pour trouver sa voiture dans cet état-là :
Selon la consistance de la neige, la température de surface de la voiture au moment où elle s'est déposée dessus (et probablement, aussi, l'âge du capitaine), cette couche immaculée se balaie plus ou moins facilement à l'aide de la brosse souple que chaque automobiliste garde à portée de main. Et il y a toujours ce petit moment de suspense accompagnant le premier coup de balayette : givre ou pas givre ?
Parce que, bien souvent, la brosse révèle la couche surprise se trouvant sous la neige. Celle-là même qui détermine de combien de minutes on arrivera en retard au boulot, en fait. Parfois, le grattoir que tout automobiliste possède également par défaut dans sa voiture (ahem...) vient sans peine à bout de la pellicule gelée. Mais il arrive également (et là, vraiment, je pense que c'est l'âge de la grand-mère du capitaine qui est déterminant) que pour d'obscures raisons le givre soit extrêmement récalcitrant. Ou comment perdre une vingtaine de minutes avant de pouvoir prendre la route sans devoir conduire à l'aveuglette...
Mais le pire, c'est quand on retrouve du givre à l'intérieur sur l'ensemble des vitres. J'ai assez vite compris que le grattoir n'est pas adapté aux surfaces concaves et que, quand il fait -10°C dehors, compter sur la climatisation de la voiture pour faire fondre le givre est illusoire. Le réchauffer à mains nues (littéralement), c'est amusant pendant les deux premières minutes, puis ça devient assez vite pénible.
Alors, plutôt que de devoir en arriver là, on apprend comment s'en prémunir. L'idée de base, c'est de lutter contre l'humidité à l'intérieur de la voiture. Plusieurs gestes élémentaires pour cela : faire tomber un maximum de neige de ses chaussures à l'extérieur, placer du papier journal dans la voiture, ouvrir les vitres, les nettoyer avec du vinaigre, arrêter de respirer... Seulement voilà, le plus souvent, ça ne suffit pas (et ça peut s'avérer quelque peu inconfortable). Heureusement, il existe une solution vraiment efficace : installer un sisätilalämmitin (un chauffage d'intérieur, quoi). Et le faire démarrer environ deux heures avant de prendre la route.
Oui, car ici, les voitures peuvent toutes (ou presque) être branchées sur secteur, en particulier pour préchauffer le moteur lorsque les températures sont très basses (c'est généralement recommandé en-deçà de -5°C, soit à peu près tout le temps entre novembre et avril). Cela permet de faciliter le démarrage à froid et de limiter l'usure du moteur ainsi que la consommation de carburant. Si le chauffage d'intérieur n'est pas indispensable (bien que fortement recommandé, pour éviter les désagréments susmentionnés), le moottorinlämmitin fait partie des équipements de base d'une voiture en Laponie. Et la plupart des parkings sont équipés de blocs avec prises électriques, semblables à celui-ci :
Seulement, lorsque l'on part travailler vers huit heures le matin, on n'a pas forcément envie de se lever spécialement pour brancher sa voiture deux à trois heures plus tôt. Par chance, il existe là encore une solution, répondant au doux nom d'ajastinkello (minuteur), pas très cher et facile à se procurer.
Le chauffage d'intérieur étant branché sur le même circuit que le chauffage du moteur, il se met en marche automatiquement en même temps, ce qui permet de faire disparaître le givre sur les faces intérieures des vitres et pare-brise et de faire fondre en partie celui qui se trouve à l'extérieur.
Avec tout ça, il faut bien l'avouer, ça ne devient pas si compliqué d'avoir une voiture l'hiver en Laponie. Reste à penser à mettre du silicone sur les joints de portières et de l'anti-gel dans les serrures, lever ses essuie-glaces et entrouvrir ses vitres lorsque l'on se gare, ne jamais utiliser le frein à main... et, bien sûr, régler correctement son minuteur !