Après deux mois de silence radio dont on prétendra qu'ils correspondent aux vacances d'été (ahem...), il est temps d'évoquer l'école d'été organisée conjointement par la NSF (National Science Foundation) et l'association scientifique EISCAT (European Incoherent Scatter Radar) autour des radars à diffusion incohérente, du 21 au 26 juillet.
Je doute que les radars à diffusion incohérente et leurs applications en physique ionosphérique passionnent les foules (quoique, qui sait...), donc je renvoie les éventuels intéressés à leur encyclopédie participative en ligne préférée.
Non, ce qui est vraiment vendeur pour le néophyte, je dois le reconnaître, c'est le lieu choisi pour cette école d'été : Arecibo, à Porto Rico. Les amateurs de James Bond reconnaîtront son radiotélescope légendaire (celui-là même avec lequel on a envoyé des messages pour entrer en contact avec d'éventuelles civilisations extraterrestres, dans les années 1970), qui apparaît dans GoldenEye.
Il s'agit du plus grand radiotélescope au monde, avec son antenne sphérique de 305 m de diamètre. Construit en 1964, il a depuis fait ses preuves en radioastronomie, en imagerie d'astéroïdes, de planètes du système solaire et d'autres objets célestes ainsi qu'en physique ionosphérique, fournissant des données d'une précision à couper le souffle. Son antenne est en effet extrêmement sensible, et c'est d'ailleurs pourquoi il est interdit d'utiliser wifi, téléphones portables et sèche-cheveux sur l'ensemble du site de l'Observatoire d'Arecibo.
Autant dire que le simple fait d'avoir l'occasion de visiter le site (qui, du reste, possède un musée ouvert au public) était en soi extraordinaire. Mais les privilégiés que nous (i.e. la trentaine d'étudiants et la dizaine de professeurs participant à l'école d'été) étions ont carrément eu droit à une visite de la plateforme suspendue à 150 m au-dessus du fond de l'antenne, où sont installés les deux récepteurs (la line feed rectiligne de 29 m de long et le dôme grégorien comportant deux réflecteurs supplémentaires en plus du détecteur). Autant dire que la vue d'en haut est pour le moins impressionnante !
Mieux encore : l'école d'été consistait non seulement à suivre des cours (pointus, si j'ose dire) mais aussi à les mettre en pratique en travaillant par groupes sur des données réelles, issues d'expériences conçues par nous-mêmes. Certes, en pratique, c'était un opérateur qui appuyait sur les boutons et tapait les commandes pour orienter les récepteurs selon nos souhaits et faire tourner les programmes d'observation. Mais... on a pu jouer avec le radiotélescope d'Arecibo, quoi !
Mon groupe avait choisi le créneau correspondant au lever du soleil le mercredi 23 juillet, de 5h à 7h30 du matin (heure locale, soit UTC-4). L'idée était d'observer la photo-ionisation de l'ionosphère à mesure que la lumière solaire atteignait des altitudes de plus en plus basses. Et autant dire que les données que l'on a obtenues était incroyables tant leur résolution était fine (à en faire pâlir de jalousie certains profs, responsables d'autres radars à diffusion incohérente beaucoup moins puissants).
Outre l'aspect purement scientifique, l'un des buts de cette école d'été était aussi de mettre en relation les différents membres de la communauté d'utilisateurs de radars applicables à l'étude de l'ionosphère, chercheurs comme étudiants. C'était une occasion unique de rencontrer de probables futurs collaborateurs du monde entier : Américains, Japonais, Chinois, Européens, Péruviens, Éthiopiens...
En résumé, le cadre comme l'ambiance étaient vraiment exceptionnels, et, bien que la quantité de travail à fournir au cours de cette semaine ait été "conséquente", j'ai énormément aimé cette école d'été. Chapeau bas et un grand merci à l'ensemble des organisateurs !
On termine par quelques images d'autre chose que le radiotélescope d'Arecibo. Et un autre article viendra sur la matinée que j'ai passée à San Juan, la capitale, la veille du début de l'école d'été.
